Biographie de Francesco Micieli
Francesco Micieli est né en 1956 à Santa Sofia d'Epiro, en Calabre. Il est issu d'une communauté albanaise, les Arbresh, installée là depuis des siècles. En 1965, ses parents quittent l'Italie pour aller travailler dans l'Emmental, en Suisse alémanique. Francesco Micieli apprend ainsi, outre les langues de son enfance (le dialecte albanais et l'italien), l'allemand et le suisse allemand. Il fréquente l'école élémentaire et secondaire à Lützelflüh puis à Burgdorf.
Après son examen de maturité, il étudie les langues romanes et l'allemand jusqu'en 1982 dans les universités de Berne, Cosenza et Florence. Il travaille dans le même temps comme dramaturge, acteur et metteur en scène : de 1976 à 1979, acteur au Protheater de Soleure, et, de 1979 à 1989, acteur, dramaturge et directeur au Théâtre Scharfenegge à Berthoud. Il enseigne de 1992 à 1999 à l'Ecole d'arts visuels de Berne/Bienne et à la Haute Ecole des arts de Berne/Bienne.
Il poursuit dans les années suivantes une carrière de journaliste indépendant à Berne. Il a été président de l'Association des auteurs de Suisse de 2007 à 2010. En 2011, il a été invité comme " Poetik-dozentur " à l'Université de Dresde. Il vit aujourd'hui à Berne. Francesco Micieli est l'auteur de proses narratives, de pièces de théâtre et de livrets. Dans ses oeuvres en prose, il évoque dans une langue à la fois concise et lyrique l'histoire de la migration des membres de la minorité albanaise d'Italie.
Sa prose oscille entre poésie, récit, monologue et s'inspire de modèles littéraires de prose brève et condensée comme celle d'István Örkény. De son oeuvre abondante, seuls trois livres ont été traduits en français, par le même traducteur, Christian Viredaz, chez un éditeur suisse (les Editions d'En Bas, 2013) ; ces trois livres forment trois étapes d'une sorte d'autobiographie, pour dire le déracinement, le sentiment d'être un perpétuel étranger au monde et à sa propre langue : Je sais juste que mon père a de grosses mains, Le Rire des moutons et Mon voyage en Italie.
Cette trilogie explore la thématique de la migration à travers l'histoire de la famille Micieli. Une histoire comme il y en a tant d'autres parmi le grand nombre de familles italiennes qui ont émigré en Suisse dans les années 1950 à 1980. Voilà le récit d'un Italien du Sud qui quitte sa famille pour aller travailler en Suisse. Sa femme le suit quelques années plus tard. Leur fils, d'abord laissé aux soins des grands-parents, les rejoint à son tour à l'âge de neuf ans au village de Lützelflüh dans l'Emmental.
Les parents travaillent dur pour pouvoir construire une maison sur la terre natale. La femme meurt avant d'avoir pu réaliser son rêve. Son corps est ramené au pays, son mari et son fils l'accompagnent dans ce pays quitté trente ans auparavant qu'ils ne reconnaissent plus. C'est au contraire à une tentative de reconnaissance des traces de l'enfance, via la possibilité qu'aurait eue son propre père d'écrire et de se souvenir, que ces Enfantines se consacrent.