Cette étude établit, à propos du problème du plaisir, un parallèle entre les conceptions des théologiens et l'érotique des troubadours au début...
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Résumé
Cette étude établit, à propos du problème du plaisir, un parallèle entre les conceptions des théologiens et l'érotique des troubadours au début du XIIIe siècle. Les premiers considèrent alors le désir comme étant déjà habité, sinon corrompu, par un authentique plaisir, contrairement à ce qu'enseignaient les philosophes grecs. Et ils désignent cette expérience psychique par l'expression delectatio morosa (où l'épithète morosa n'a rien à voir avec la morosité moderne, mais évoque, par une autre étymologie, la complaisance qui s'attarde à savourer le plaisir inhérent au désir lui-même). Or c'est bien une telle délectation, mais portée à l'extrême, que l'amant courtois goûte fantasmatiquement dans la longue désirance de sa Dame interdite et inaccessible. Ainsi, quand le Moyen Age découvre les pouvoirs érotiques ou, à tout le moins, hédonistes de l'imagination désirante, il anticipe de quelque façon certaines approches contemporaines, celle de la psychanalyse, par exemple, qui débouchent sur une théorie du fantasme.
Sommaire
Erôs-Agapè et autres dichotomies
Des commentaires du Cantique à la théologie de la " caritas "
L'amour ordonné et la loi du discernement
La joie de l'amour réciproque et le plaisir de la désirance
La délectation morose sous le signe de la femme
Le plaisir charnel et l'amour dans le mariage
Mystique et casuistique du désir dans l'amour courtois
Charles Baladier a été responsable des départements de philosophie et de sciences humaines (de 1969 à 1990) à l'Encyclopaedia Universalis, où il a aussi conçu et dirigé le Grand Atlas des religions (1988).
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