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L'image de la "Nana Benz" togolaise, brassant les milliards de francs CFA que lui a rapportés son commerce de pagnes florissant, est bien connue. Celle du grand commerçant d'Afrique de l'Ouest, en grand boubou ou en costume trois pièces, l'est tout autant. Ces images, toutes sensationnelles qu'elles soient, rappellent qu'en Afrique, l'initiative privée connaît ses réussites. Elle a ses traditions et surtout un bel avenir.
Les auteurs de cet ouvrage, qui porte sur les réseaux marchands d'Afrique de l'Ouest, en décrivent les rouages et le fonctionnement. Ils montrent que, loin de constituer des survivances d'économies anciennes, ces réseaux sont au contraire des structures dynamiques, imaginatives, jouant à la fois des opportunités offertes par l'économie moderne et des modes de fonctionnement économiques et sociaux des sociétés dont ils sont issus.
Les marchands d'Afrique de l'Ouest étendent désormais leur activité à la sous-région, parfois même hors du continent où ils ont établi des relais. Leurs réseaux ont des ramifications à tous les niveaux de la sphère économique, dans les milieux étatiques et le monde religieux, en particulier islamique. Pour eux, esprit d'entreprise et clientélisme se renforcent mutuellement, les investissements extra-économiques (politiques, religieux) confortant les logiques d'accumulation commerciale.
Cet ouvrage s'inscrit dans les nouveaux courants de l'anthropologie économique. Il s'efforce de montrer que les hommes d'affaires africains, qui animent l'économie officielle et exploitent les moindres de ses failles, ont des comportements peu différents des entrepreneurs occidentaux et apparaissent, à bien des égards, comme des modèles "d'homo oeconomicus" contrairement aux idées reçues.