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L'histoire d'Haïti est exemplaire et fait la grandeur de ce petit pays. Rien n'aura manqué pour en faire un cas-type du sous-développement : génocide indien des origines, esclavage, modèle achevé de colonisation, guerre de libération dramatique, oppression intérieure et néo-colonialisme qui paralysent le progrès. Puissamment attachante par elle-même, Haïti, la plus riche colonie française du XVIII siècle, le pays de la magie, de la peinture et de la danse, témoigne aussi pour l'histoire de l'humanité : il n'y a pas progrès sans respect de ces exigences essentielles qui ont nom très simplement vérité, justice, liberté.
Schoelcher et Michelet ont aimé Haïti. Napoléon y a perdu une armée. L'abbé Grégoire, Robespierre, Lamartine, Hugo, Mendès-France, André Breton, Malraux y ont laissé leur vivant souvenir. Aujourd'hui, les structures déformées engendrant sans cesse les monstres qui crucifient le peuple haïtien, avec la complicité des grandes puissances, quel destin peuvent espérer ces parias de la francophonie ? Faut-il admettre la non-assistance à peuple en danger ? Surtout quand on est la France, qu'on a créé jadis d'un même mouvement le Québec, la Louisiane et Saint-Domingue, et quand il s'agit de la seule République francophone souveraine d'Amérique, au coeur des Caraïbes ?