Jean sulivan, la voie nue de l'intériorité

Jean Sulivan s'est emparé du Poème comme d'un Souffle qui redit sans cesse à tout homme la parole adressée à Abraham : Exi ! Sors ! Tout comme les aphorismes de Nietzsche sont fichés dans le noyau de notre modernité, comme autant de charbons ardents, l'écriture-parole de Jean Sulivan habite l'espace nu, le désert, où bat le coeur d'un Evangile libéré de la gangue de chrétienté qui l'emprisonna durant des siècles.
Un soleil intérieur dont il naissait chaque matin, affranchi de la cage des mots. Ces pages sont une ouverture au style de christianisme délivré que Jean Sulivan explora sa vie durant, et par lequel il ne cessa de se laisser inspirer, telle une petite musique silencieuse qui chante au milieu des ruines. Seulement comme scribe reconnaissait-il humblement tout autant qu'en amoureux inflexible une Parole tenue au coeur des contradictions : " J'ai appris à vivre presque serein dans le buisson d'épines des questions.
Je n'ai pas appris. Cela m'est tombé dessus. Salut. " Un salut, une santé à laquelle il nous invite aujourd'hui encore, trente ans après sa mort, face au dénuement qui vient.