Biographie d'Ingeborg Bachmann
Ingeborg Bachmann est née en 1926 à Klagenfurt en Carinthie (Autriche), une région située entre le monde germanique et le monde slave, avec laquelle elle entretient une relation amour/haine. Survivre au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale exigeait, pour elle comme pour de nombreux Allemands, de faire retour sur ses origines et d’en surmonter le poids. La Carinthie, ses tensions ethniques et ses contradictions incarnent cette douleur, et l’Anschluss en 1938, alors qu’elle était âgée de douze ans, imprègne à jamais sa perception du monde et plus tard, son œuvre, jusqu’à devenir parfois la métaphore de la relation d’un homme avec une femme.
Soucieuse de lutter avec les armes de l’esprit contre toutes les formes de domination, Ingeborg Bachmann commence alors des études de philosophie, de psychologie et de langue allemande à Klagenfurt, Innsbruck, Graz et Vienne. En 1950, elle soutient sa thèse de philosophie sur Martin Heidegger : La réception critique de la philosophie de l’existence chez Martin Heidegger. Dès 1946 elle publie ses premières nouvelles – Le Passeur (Actes Sud, 1993), Lettres à Felician (Actes Sud, 2006).
La publication d’un premier recueil de poèmes lui assure un succès à la fois public et critique. Elle devient le porte-parole d’une poésie lyrique qui renoue avec la tradition des plus grands écrivains allemands d’avant-guerre. En 1948, elle fait la connaissance de Paul Celan qui, le premier, lui montre la voie d’une écriture totalement investie par les contradictions littéraires issues de la Seconde Guerre mondiale.
C’est en ce sens qu’elle fréquentera le fameux “Groupe 47”. Il s’agissait de produire une langue nouvelle, adaptée aux exigences de l’histoire. En 1953, Ingeborg Bachmann reçoit le prix du Groupe 47. A partir du début des années 1960, Ingeborg Bachmann écrit toujours de la poésie, mais se consacre de manière plus manifeste à la prose. La virulence de son propos, la ferveur de ses convictions et la complexité de son style apparaissent de manière plus explicite encore.
Le succès est alors au rendez-vous. Révolté et féministe, Ingeborg Bachmann sut toute sa vie durant assumer de nombreux combats, en s’engageant par exemple contre la guerre au Vietnam, la bombe atomique ou en quittant, en 1967, son éditeur Piper parce qu’il avait choisi le poète nazi Hans Baumann pour traduire les poèmes d’Anna Akhmatova.