L'énigme Pasqua

Charles Pasqua, entend reconstituer le RPF gaulliste en ralliant à son patriotisme des militants de droite et de gauche. Pourtant, sa figure chaleureuse et rassurante ne parvient pas à faire oublier ses erreurs et ses secrets. Adolescent, il manifeste son courage en jouant les estafettes dans la Résistance. Il en conserve le goût de l'action clandestine. Dans les années 60-70, comme son dauphin politique Jean-Charles Marchiani, il est cité par la presse anglo-saxonne lors du démantèlement de la French connection qui introduit l'héroïne aux Etats-Unis. Dans les années 90, la justice américaine le suspecte de protéger les nouveaux réseaux de trafic de haschich et de vouloir éliminer des témoins gênants. Charles Pasqua refuse de répondre à ces accusations qui manifestent, selon lui, la rancune américaine face au défi gaulliste de l'indépendance nationale. En France, son image n'est guère plus claire : de la vice-présidence du SAC aux réseaux africains, du vrai-faux passeport aux manipulations de l'affaire Schuller, le soutier du gaullisme ne craint pas de se salir les mains. Les Français font-ils la part des choses ou se montrent-ils naïfs ? Charles Pasqua se trouve deux fois ministre de l'Intérieur et préside la plus riche collectivité locale d'Europe, le Conseil général des Hauts-de-Seine. Il vient d'être élu président du RPF (Rassemblement pour la France). Charles Pasqua devra toutefois composer avec son vice-président, ambitieux et versatile, le vicomte Philippe de Villiers. Récemment, avec ses moines soldats, le hobereau vendéen a voulu " retourner " Jean-Charles Marchiani et s'emparer du RPF. Mais que pèsent les rêves d'une aristocratie essoufflée face aux " réseaux Pasqua " ? Demain peut-être, Charles Pasqua sera président de la République.