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En écrivant l' "Histoire Ecclésiastique du Peuple Anglais", Bède donne de la nation anglaise une image qui reflète moins la réalité qu'une conception personnelle. Cette conception s'inscrit dans une théologie de la nation issue de la méditation de la Bible. L'idée centrale est celle de la conversion progressive des nations, rassemblée dans l' "Eglise des nations". Très fréquente dans les commentaires bibliques de Bède, la notion d' "Ecclesia gentium" y conserve une forte tonalité ethnique, à la différence des écrits continentaux où les "nations", les "gentils", tendent à représenter la masse des païens, perçue dans une certaine indifférence à leur appartenance ethnique.
C'est dans ce schéma de l' "économie du salut" que Bède situe l'histoire de la nation anglaise, en l'organisant autour de la conversion des Anglais au christianisme, présentée, de façon très peu réaliste, non pas comme une simple adhésion collective à un nouveau culte, mais comme une transformation morale intérieure des membres de la nation. Cette présentation va de pair avec l'affirmation de la dignité du "peuple chrétien" qui se traduit , sur le plan ecclésial, par des positions anti-hiérachiques et anti-autoritaires et, sur la plan politique, par une exaltation du peuple face au prince.
L'insertion de l'histoire anglaise dans l'histoire universelle de l'Eglise des nations s'accompagne également d'une valorisation de la pluralité linguistique. Pour Bède, l'unité des chrétiens n'appelle pas l'uniformité culturelle, mais le rassemblement des peuples qui vénèrent Dieu, chacun dans sa langue.