La Bibliotheque Universelle (1815-1924). Miroir De La Sensibilite Romande Au Xixeme Siecle

Née en 1796 à l'époque du Directoire sous le titre de Bibliothèque britannique, la Bibliothèque universelle (1815-1924) est la seule revue suisse romande qui ait traversé tout le XIXè siècle. Certes, elle a connu dans sa période genevoise de nombreux avatars. Mais à partir de 1866, sous la direction énergique d'Edouard Tallichet qui installa la rédaction à Lausanne et voulut en faire la rivale de la Revue des Deux Mondes, elle eut un rayonnement européen. Cet ouvrage, qui est le résultat d'une étude financée par le Fonds national de la recherche scientifique, brosse à travers l'histoire de cette revue un tableau de l'intelligentsia romande, de l'époque napoléonienne à l'entrée de la Suisse dans la Société des Nations. En plus des questions philosophiques, politiques, sociales et économiques débattues tout au long de ses numéros, la Bibliothèque universelle est également un miroir de la sensibilité culturelle romande : ouverture sur le monde par l'abondance des traductions et des récits de voyage, repli sur la Suisse qui a contribué à la naissance d'un champ littéraire autonome. Les problèmes que pose la Bibliothèque universelle n'ont rien perdu de leur actualité : équilibre entre une politique économique libérale et la justice sociale, discussions sur la démocratie directe et ses limites, essai de conciliation entre la science et l'éthique. En outre, les mythes qui se forgent au XIXè siècle pour " bricoler " une identité helvétique occupent aujourd'hui encore une place centrale dans les débats sur la neutralité et sur le rôle de notre pays en Europe. Par son esprit de découverte et par ses tendances à l'isolationnisme frileux, la Bibliothèque universelle illustre de manière paradoxale la crise que traverse à présent la Suisse.