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Topos s'il en est, la femme orientale enfièvre l'imagination et échauffe les esprits, occidentaux singulièrement, pour qui elle est un objet de fantasme toujours renouvelé. En témoignent toute une littérature orientaliste et colonialiste qui s'attache à percer son mystère et toute une iconographie qui, de Delacroix à Fromentin ou à Matisse, en fixe l'imagerie formulaire sur fond de harem et de bains maures où paressent de sensuelles odalisques et ondulent lascivement des almées.
Femmes-objets, tout entières vouées au plaisir masculin, ces femmes d'Orient sont d'autant plus attirantes qu'elles sont inaccessibles, recluses en leur sérail ou dissimulées sous un voile qui, en ne laissant voir que des yeux de braise, attise le désir plus qu'il ne l'interdit. C'est toute cette typologie, largement cristallisée en poncifs et durcie en fantasmatique, qui se trouve ici reprise et dépliée comme est aussi revisité l'autre versant de l'Orientale dont, avec Shéhérazade, les Mille et Une nuits montrent qu'elle est loin de n'avoir qu'un visage mais qu'elle peut aussi être cette femme puissante qui déjoue les scénarios préétablis, faisant passer son pouvoir de séduction du corps à la tête.