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Ce fut ainsi, au seuil des songes, à peine conscient, au moment où l'idée du rêve s'apprêtait à devenir le rêve de l'idée, que pour la première fois l'envie d'écrire lui vint à l'esprit. Il n'était pas encore endormi, et ce n'était pas un sens anodin que Jean-Louis donnait au mot écrire dans ses réflexions embuées, mais un sens littéraire, romanesque. Il avait bien obscurément conscience qu'il venait de penser que lui pourrait se mettre à écrire un roman, devenir l'un de ceux qu'il admirait tant : un écrivain.
Pourtant, l'énormité de cette pensée ne put le tirer de son presque rêve qui s'affirma un instant après en une sieste de vingt minutes. Quand il revint à lui, l'idée avait résisté au réveil. Elle était bien là, énorme, et Jean-Louis fut étonné et un peu effrayé de ne pas en rire. Fonctionnaire à l'existence millimétrée, Jean-Louis Massin, à quelques mois de la retraite, comprend qu'il n'a jamais vraiment vécu.
En découvrant tardivement sa vocation d'écrivain, Jean-Louis se découvre lui-même... pour le meilleur et pour le pire.