La livre de chair - Au vif du sujet

En acceptant de s'endetter pour aider un jeune ami à conquérir sa belle, Antonio s'engage selon les termes de la reconnaissance de dette souscrite auprès de Shylock, le prêteur, à laisser celui-ci prélever sur son corps une livre de chair au cas où il ne le rembourserait pas. Le Marchand de Venise" nous invite à considérer que les mots engagent le corps, que le corps est pris dans le discours, tramant le tissu dont nous sommes faits. L'enfant naît dans un bain de langage, et la parole de l'Autre avant d'être sienne, tout comme la réalité même de son corps, viennent désigner la façon dont le sujet va se représenter dans la langue, constituant ainsi l'image inconsciente du corps.
Aussi, les cliniciens ont-ils à faire à ce lien essentiel entre coprs et langage, qui nous spécifie parmi les vivants. Payer de sa chair, d'une "livre de chair", n'est-ce pas alors cher payer les effets d'une déliaison qui désarrime le réel du corps de ses signifiants ? Ainsi affecté de ses passions, le corps qui recèle les traces toujours actives de l'oubli, n'en passe-t-il pas alors par ces folies d'organes, que sont sont certaines somatisations ? La question de la dette symbolique viendra ponctuer nos réflexions sur les événements de corps, corps déchaînés, corps déchirés, corps déchets, ou corps rêvés, corps magnifiés.
A cet échange, participeront psychanalystes et médecins, engagés avec le sujet souffrant, autour d'un savoir - savoir scientifique pour les uns, savoir inconscient pour les autres - qu'il se traduise par un faire, un savoir-faire, ou par une mise au travail d'un dire.