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En identifiant les mythes d'origine et de fondation d'un certain nombre de nations contemporaines et en étudiant leur devenir, la perspective mythanalytique, empruntée à l'anthropologie de Gilbert Durand, qui a inspiré cet ouvrage, s'est donnée trois objectifs majeurs. Dans un premier temps, elle a tenté de mettre en évidence, avec une clarté à laquelle d'autres approches, plus classiques, n'étaient peut-être pas toujours parvenues, les différentes formes que la nation a pu prendre depuis plus de deux siècles.
Dans un second temps, elle a cherché à définir le style propre de chaque nation. En mettant au jour l'empreinte des mythes dans des constitutions qui apparaissent comme les principes organisateurs de toute société moderne, elle aide en effet à comprendre un certain nombre de réflexes politiques qui transcendent les oppositions partisanes et qui, devant certaines questions — intérieures comme extérieures —, parviennent à faire la quasi-unanimité de l'opinion.
Enfin, cette perspective, ne se limitant pas à expliquer un état de fait, a également pris une dimension prospective. Appliquée à de nouveaux ensembles qui, comme l'Union européenne, se veulent un dépassement de la nation, elle permet non seulement d'identifier les mythes qui les fondent et les organisent, mais aussi de comprendre les formes institutionnelles qu'ils prennent et de prévoir la vision politique générale ou les réactions particulières qu'ils susciteront.