La ville et le sang - Poche

La Ville s'amusait, mais la Ville était capable aussi de tristesse. Elle était surtout capable de tristesse, parce que c'était une cité d'amour et que souvent amour veut dire douleur? Je le sais bien: il est difficile de souffrir quand le soleil nous entoure, quand nous nous sentons pénétrés par le soleil et qu'il scande le rythme de notre sang [...]. Beaucoup de choses me sont restées de cette Ville qui est mienne, mais je suis trop loin, maintenant, pour que sa main m'atteigne et me secoure. Il m'est resté la mémoire d'elle, avec les mille jeux des évocations; il m'est resté l'odeur qu'ont les maisons quand le soleil les recouvre; il m'est resté la vibration de ses nuits, qu'écorchent des légions de petites motocyclettes et des chants; les yeux de Luciano me sont restés, la chair grasse et secrète de Giuditta, le geste de M. Corrado qui se caresse les mains... Carlo Coccioli La Ville - Florence - comme un personnage héroïque. Avec ses décors délicats, sa faune singulière, son atmosphère mystique. Avec, aussi, quelques acteurs exemplaires. Dont Giuditta dans le rôle de "courtisane du Christ", vierge pieuse que le sang fascine et bouleverse. Roman des troubles envoûtements et des passions tremblantes, La Ville et le Sang compose un superbe tableau du tragique humain.