Comment présenter dix années qui sont si proches ? Et comment retracer le périple d'une Eglise qui n'est plus hiératique au-dessus des mêlées mais qui désormais est de son siècle et en connaît, d'ailleurs, les cheminements et les détours ? Peut-être un ermite qui se serait réfugié, dès la fin du Concile, à l'Asekrem, au cœur du Hoggar, là où vécut Charles de Foucauld, peut-être cet ermite aurait-il pu réussir à composer une certaine fresque d'ensemble à partir de ce qu'il aurait aperçu du haut de sa montagne, un point de vue du genre Sirius ? Peut-être.
Mais je ne suis pas cet ermite, même si cette vocation n'a cessé de m'attirer.
Douze ans de travail comme consulteur à Rome au Secrétariat pour les non-croyants, organisme de Curie, dix ans de responsabilité officielle du Secrétariat français n'ont pu faire de moi un homme d'appareil ; même si j'ai rencontré en chemin, depuis 1965, toutes sortes de notables -ecclésiastiques ou laïcs - d'Eglises, de religions, de confessions, et toutes sortes de notables du monde profane - des politiques et des professeurs, des leaders et des académiciens -, j'ai toujours désiré garder " indépendance et liberté ". Cet itinéraire de dix ans se ressent donc de cette marque ; il n'est pas une histoire reconnue d'avance, comme un dévot d'un parti peut la composer pour le groupe auquel il adhère ; il n'est pas une histoire purement " spirituelle " : l'Eglise est bien plongée dans la vie des peuples, dans les mentalités, les classes, les races, les cultures ; cet itinéraire n'engage que ma personne et je le préfère ainsi.