Le patrimoine séquestré - (Dé)possessions des biens culturels - Grand Format

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Léa Saint-Raymond et Vincent Négri - Le patrimoine séquestré - (Dé)possessions des biens culturels.
Pillages, butins de guerre, confiscations, saisies ou spoliations signent le vocabulaire des possessions et dépossessions de biens culturels et marquent... Lire la suite
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Résumé

Pillages, butins de guerre, confiscations, saisies ou spoliations signent le vocabulaire des possessions et dépossessions de biens culturels et marquent des appropriations violentes. Du procès contre Verrès, en 70 avant J. -C. , aux spoliations coloniales jusqu'aux pillages, aujourd'hui, en Irak, en Syrie et au Yémen, c'est une même partition qui se joue, celle du séquestre de la culture et du préjudice porté au patrimoine des peuples.
"Il n'est pas témoignage de culture qui ne soit en même temps un témoignage de barbarie. Cette barbarie inhérente aux biens culturels affecte également le processus par lequel ils ont été transmis de main en main" écrivait Walter Benjamin. Dans ce processus, la notion de séquestre agit dans un double registre, symbolique et juridique, et c'est dans cette ambivalence que se jouent les variations et la polysémie de la notion.
La notion a pu sembler demeurer dans l'ombre ; elle fait écho aux confiscations, aux saisies et à la mainmise - toutes mesures privatives de liberté qui signent l'arrachement au lieu d'origine - mais également au dépôt et à l'empêchement temporaires. Sur le terrain du droit, la mise sous séquestre d'un bien, au sens large, a d'abord été une mesure juridique temporaire. Elle a souvent fait écho à des situations de conflits entre Etats, et à des circonstances où les biens "ennemis" sont administrés en dehors de leurs propriétaires, dans l'attente de leur restitution ou de leur liquidation.
Le séquestre, comme mesure décidée dans le cadre d'un 2/6 conflit et motivée par "l'intérêt général" (ou tout au moins une construction, et donc une certaine idée, de l'intérêt général), peut également relever d'intentions et d'opportunités politiques. Les Principes de la Conférence de Washington, en 1998 et, plus récemment, la découverte du "trésor de Gurlitt" ou encore le discours du président français Emmanuel Macron à l'université de Ouagadougou, en 2017, ont ravivé les débats sur les restitutions de biens culturels et mis en lumière des histoires complexes de (dé)possessions de biens culturels.
Appliquée au domaine artistique, culturel et patrimonial, la notion de séquestre varie également en fonction des registres économiques, politiques et sociaux qui gouvernent ces histoires. Déjà présent sous la Rome antique, le séquestre de patrimoine est réinvesti par la Révolution française. Au vingtième siècle, le Domaine national de Chambord est placé sous séquestre par l'Etat français, en 1915, en raison de la nationalité autrichienne des propriétaires de l'époque, les Bourbon-Parme.
Dans le champ du patrimoine, la notion de séquestre entretient un isomorphisme avec celle de confiscation. Isomorphisme qui est également le symptôme d'un éventuel effet de mode dans l'emploi de ces vocabulaires, en fonction des périodes et des champs disciplinaires. Aujourd'hui, l'étude des séquestres connait un regain d'actualité. En témoigne l'exemple récent de la découverte d'un tableau monumental de Claude Monet, Nymphéas, reflets de Saule, dans les réserves du musée du Louvre en 2016 et "restitué" deux ans plus tard au Musée national de l'art occidental, de Tokyo.
L'oeuvre faisait partie de la collection constituée dans l'entre-deux-guerres par l'homme d'affaires japonais Kojiro Matsukata, placée sous séquestre par l'Etat français en 1944, en tant que "bien ennemi" . Ou encore, la mise sous séquestre en 2017 du tableau de Camille Pissarro spolié à Simon Bauer durant l'occupation nazie, La cueillette des pois, exposé au musée d'Orsay. C'est à partir des apports croisés de l'histoire, de l'histoire de l'art, du droit, des sciences politiques, de l'économie, de la sociologie que peut être engagée la réflexion sur la notion de séquestre comme matrice des translocations de patrimoine et soulignée sa dimension tant symbolique, qu'institutionnelle et juridique, ainsi que les intentionnalités qui la gouvernent et sa permanence au long de l'Histoire.

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