Le rôle des métaphores dans les progrès de la biologie

Le processus de fécondation biologique a été longtemps décrit dans des termes évoquant le mythe de la Belle au bois dormant (pénétration, conquête et réveil de l'œuf par le spermatozoïde) parce que cette imagerie correspondait aux stéréotypes sexuels dominants. De nos jours, c'est une autre métaphore qui nous paraît utile et acceptable : on en parle dans le langage de l'égalité des chances. La fécondation est désormais un processus de rencontre et de fusion entre ovule et spermatozoïde. Qu'en est-il de l'efficacité scientifique d'une métaphore ? Il semble que chacune d'entre elles peut produire des effets très différents. Dans le cas de la fécondation, les deux métaphores successives ont produits leurs effets. La première a entraîné une investigation des mécanismes moléculaires de l'activité spermatique, la seconde a stimulé les recherches pour élucider les mécanismes à travers lesquels l'œuf pouvait être considéré comme actif. Evelyn Fox Keller montre que le caractère performatif de langage (un énoncé constitue simultanément un acte) s'étend bien au-delà du domaine des actes de parole. Les énoncés descriptifs de la science sont performatifs car ils influencent la manière dont nous construisons notre monde social et matériel. Une bonne partie de la force des énoncés descriptifs proposés par les scientifiques provient du rôle joué par les métaphores, par exemple dans l'incitation à réaliser telle expérimentation scientifique ou à construire tel dispositif technique. Ce livre illustre, de la façon la plus simple possible, le rôle du langage dans la science.