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Juger ce que fut l'armée irakienne à l'aune de ses ultimes défaites serait trompeur. Rétrospectivement, la défaite de 1991, réminiscence contemporaine des campagnes coloniales du XIXe siècle, était inéluctable dès lors que Bagdad accepta un affrontement ouvert avec la coalition sur un terrain favorisant cette dernière. "Desert Storm" brisa le sabre longuement forgé par le régime baasiste et ses prédécesseurs, mettant ce faisant fin aux rêves d'hégémonie militaire de Bagdad.
C'est donc sans surprise que les gros de l'armée et de la Garde s'effondrèrent durant l'invasion de 2003. L'étude du cas irakien démontre cependant que les militaires locaux ne déméritèrent sans doute pas moins que ceux d'autres nations plus favorisées, s'adaptant vaille que vaille dans un contexte politique le plus souvent délétère, afin de faire face à des expériences aussi diverses que la guerre en montagne, la contre-insurrection, la guerre mécanisée à l'échelon divisionnaire, puis à une interminable guerre contre un ennemi iranien qui sut la prendre à contre-pied en jouant de l'asymétrie et enfin une campagne perdue d'avance contre ce qui était la première puissance militaire mondiale, appuyée par de nombreux alliés dont certains réputés pour la qualité de leurs forces.
Ce capital d'expérience opérationnelle, finalement peu commun, et la façon dont l'armée irakienne se confronta aux défis qu'elle eut à relever méritent à eux seuls l'attention des historiens militaires, susceptibles d'en extraire nombre d'enseignements précieux dans un monde où désormais, l'Occident a cessé de dicter seul la marche de l'histoire.