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"J'habite sur une scène de crime où ne subsiste aucun indice." Ce livre rend compte d'une rafle d'enfants et d'adultes juifs, arrêtés le 12 juin 1943 au pensionnat laïque Gatti de Gamond, à Bruxelles, puis déportés à Auschwitz-Birkenau. Combien étaient-ils ? D'où venaient-ils ? Qui étaient-ils ? Peintre et graveur, Frédéric Dambreville a mené une longue enquête qu'il rapporte avec minutie. Il entraîne le lecteur sur toutes les pistes où il s'engage et, de la sorte, il tente plus qu'une reconstitution des faits.
Le passé et le présent se mêlent dans une "traque à rebours" qui lui fait explorer la ville, questionner les archives au microscope et l'espace "muet" de son logement. Rencontrer les témoins. Nommer les victimes, retrouver leur histoire. Identifier les bourreaux. Pièce maîtresse apportée à la compréhension de la "guerre aux enfants", éclairage sur une partie du processus nazi de mise à mort, ce livre est une tentative pour saisir la réalité des victimes "en pleine vie".
Un livre impressionnant
Tout commence par une inscription sur la cheminée qui incite l’auteur à se lancer sur les pas de l’histoire du lieu où il séjourne temporairement. Cela l’emmène à consulter les archives pour découvrir toute la vérité sur ce qui c’était passé dans cette maison et ses habitants. L’auteur découvre les vraies personnes y cachées sous faux noms, raconte leurs histoires personnelles, rencontre les survivants et leur donne la parole. Cette quête historique le renvoie vers sa propre histoire et celle de notre présente. C’est triste, mais on peut aussi en sourire, car le livre est plein de moments de tendresse. Ce n’est pas un roman policier, mais il y a des énigmes que l’auteur cherche à résoudre. Bref, il y en a de cette émotion qui naît quand la grande histoire se dévoile par le biais des expériences de vie personnelles dont le passé surgit dans notre vie quotidienne. Certains diront que c’est une histoire belge, mais c’est surtout une histoire humaine et inextricablement européenne. L'écriture dévoile un style fluide et une plume engagée, alors que le récit entremêle le temps de l’histoire, le temps de l’enquête et le temps de l’écriture.