Les dynamiques industrielles d'une moyenne montagne - Innovations, initiatives en Auvergne et Velay, Fascicule 47

C'est un portrait des hautes terres d'Auvergne bien original que brosse cet ouvrage. On y découvre une industrie de montagne active, solide, diversifiée et régulièrement régénérée par des créations nouvelles, une industrie qui, loin de constituer un vestige obsolète, pèse d'un poids conséquent dans le secteur secondaire régional ; des P.M.I. nombreuses, pugnaces, innovantes, remarquablement résistantes à la crise et à ses destructions d'emploi ; des montagnes, en particulier celles de l'Auvergne orientale - Thiernois, Ambertois, Yssingelais - organisées en véritables systèmes industriels localisés, finalement très " ouvrières ", et dont la résistance ou les progrès démographiques, si modestes soient-ils, tiennent généralement à la présence ou au développement d'activités industrielles. Voilà qui, à coup sûr, redonnera une actualité à la petite industrie rurale, à un moment où le développement des milieux fragiles est le plus souvent pensé dans la perspective d'une société post-industrielle. Et qui fait aussi s'interroger : pourquoi cette part importante du tissu économique régional est-elle si mal connue ? C'est que, s'agissant de cette petite industrie et de milieux ruraux, qui plus est montagnards, les discours et les idéologies dominants l'ont finalement emporté sur la simple analyse des faits : hors du modèle d'organisation et de production des grandes firmes urbaines, point de salut. Oubliant cela, l'auteur prend son bâton de pèlerin et, longuement, donne la parole à plusieurs centaines d'entrepreneurs et d'acteurs locaux. Elle lève ainsi le voile sur une petite industrie de montagne qui, pour être soumise aux règles communes du marché, n'en a pas moins ses propres modes d'accès à la compétitivité. Dans de nombreux domaines, qu'il s'agisse de l'innovation, du recrutement et de la qualification de la main-d'œuvre, des critères déterminant le choix d'une localisation ou des processus de création d'activité, bien des idées communément admises ne résistent pas à cette épreuve des faits. Il en ressort en fin de compte que les facteurs décisifs du succès industriel sont d'abord humains et culturels. Cela rassure : n'en déplaise aux tenants d'une rationalité économique désincarnée, c'est bien l'homme, ses désirs, sa volonté, ses capacités d'adaptation qui commandent. Mais cela dit aussi la difficulté de la greffe industrielle dans les régions - et l'Auvergne occidentale, des Combrailles au Cantal, n'en manque pas - où les conditions géohistoriques n'ont pas suscité ces mentalités entrepreneuriales si déterminantes. Puisse cet ouvrage apporter à ceux qui relèvent ce pari difficile - mais non impossible - des expériences éclairantes et des réflexions utiles.