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Mohammed Dib, Le maître d'oeuvres est un essai qui propose une relecture de l'écrivain aux multiples talents, - romancier, essayiste, nouvelliste, poète, conteur moderne, traducteur, " oraliste " -, qui, le plus souvent, sont fondus dans son univers littéraire, lui conférant ainsi sa pluralité formelle et sa densité sémantique.Or, cette richesse de l'imaginaire et de l'esthétique dibiens n'ont-ils pas été cloisonnés, enfermés par une abondance d'étiquetages en " Trilogies ", isolant ainsi des contenus romanesques dont les regroupements en triptyques sont motivés par des déterminismes historiques, sociologiques et culturels au détriment du poétique de l'écriture qui est pour le romancier à la fois l'objet et sa quête esthétiques majeurs.
Bien qu'inscrite au coeur de l'Histoire, l'oeuvre romanesque de Mohammed Dib se libère, dès l'origine, du temps historique, de ses inscriptions communes, de ses dénotés usuels, pour aller creuser dans les temps mythiques de l'oralité et, plus encore, dans ceux, de l'intériorité de l'individu confronté à sa propre histoire grouillante de démons, d'angoisses, de folies, mais aussi d'illusions et de désillusions.
Dans leur univers chaotique, les personnages dibiens sont castrés de paroles vivantes qui les agressent ; leur parole est monologue, soliloque... Cette lecture met en exergue un paradoxe saillant du Roman dibien : d'une part, la magnificence de sa plume - la beauté, la préciosité, la finesse de son phrasé, ses pépites lexicales, l'énergie de son style -, et, de l'autre, ce qu'elle peint : l'Horreur des villes anthropophages et leurs fosses humaines ; celle des villages aux chiens d'Iblis ; de la geste ensauvagée d'Abraham et du meurtre symbolique d'(H) Abel par son frère Caïn.
Mohammed Dib débusque l'Abominable par la Beauté vivifiante des statues.