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Que peut la littérature face aux situations extrêmes ? Que peut-elle face à l'accélération de l'Histoire ? Ces questions conduisent ce livre qui analyse l'expérience historico- littéraire algérienne post-1989. Mesurée à une condition impérieuse, la forme romanesque propose des réponses narratives pour inscrire et surtout extraire cette épreuve de toute clôture. L'écriture s'éprouve à absorber l'événement, à aliéner sa violence, réévaluant ainsi la vertu de la trace et l'apport du filtrage littéraire.
Cette riposte livresque offre une texture au présent, façonne sa mémoire immédiate. Elle est éminemment contemporaine dans la mesure où elle se confronte à l'obscurité de son époque. Adoptant de nombreuses strates narratives, les oeuvres étudiées convoquent l'Histoire passée, tissent la trame d'un épilogue tragique : la terreur intégriste. Dans un jeu de miroirs constant qui séquence et littérarise la trajectoire du pays, replacée dans sa longue durée, les écrivains comblent les béances de la mémoire collective pour contrarier l'écueil du repli, le péril de l'amnésie.
Ainsi, dans la démarche créative se prolonge un besoin réflexif. Dans cette rétrospection romanesque, le parcours historique épouse le réexamen narré du cheminement culturel du pays. Plus qu'une connaissance subjective du passé, la mémoire cultivée par les auteurs s'avère source de résistance-résilience, convertissant les discontinuités vécues en chance d'adaptation, dans un effort de recouvrement ouvert à l'altérité comme enjeu essentiel.
La "greffe francophone" se découvre nourrie et assainie, car, au-delà de sa précieuse contribution, le roman sollicite et reconsidère son antériorité et ses filiations, revendiquées et légitimées.