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"Avec Marie de l'Incarnation, nous atteignons les plus hauts sommets de la mystique", écrit Henri Bremond en exergue du volume VI de son immense étude consacrée à l'Histoire littéraire du sentiment religieux en France. Marie Guyart, en religion Marie de l'Incarnation, est une ursuline de Tours qui sera béatifiée par Jean-Paul II le 22 juin 1980, et canonisée suivant une procédure exceptionnelle par le pape François le 3 avril 2014.
C'est la sainte préférée de Bremond. Dans le siècle foisonnant des mystiques français, "elle est unique ; nous ne rencontrerons plus personne qui l'égale". Pratiquement, on avait perdu le souvenir de cette femme de feu. Pourtant, à son époque, elle était tenue pour une privilégiée dans le cercle très select des amis de Dieu. Bossuet, d'habitude méfiant envers les religieuses mystiques, la nomme la "Thérèse d'Avila française".
Elle bénéficie de l'exceptionnelle connaissance de Dieu, fondée sur une amitié privilégiée, mais elle hérite aussi de l'humour, du bon sens et de la charité de la Madre. D'abord mère de famille à la tête de l'entreprise familiale, elle entre en religion et très vite s'embarque pour le Canada. Elle fut la première femme à mettre le pied dans ce pays tout neuf. Là, elle fonde un monastère et une école où elle accueille les filles des Hurons et conseille le gouverneur du roi.
Bref, la sainte n'a rien de la bonne sœur ankylosée dans les pieux exercices vertueux qui sentent le renfermé des placards de sacristie... Désormais, entre Le Château intérieur de Thérèse d'Avila et la Bérénice de Racine, il faut placer l'oeuvre de sainte Marie de l'Incarnation, nouvelle fiancée du Cantique des cantiques. Elle nous ouvre un balcon avec vue imprenable sur le paradis.