Sima

Artiste tchèque établi en France en 1921 - il sera naturalisé en 1926 -, Joseph Sima (1891-1971) est un des jalons essentiels de la peinture du XXe siècle. En témoignent les huiles, gouaches, lavis d'encre, dessins, gravures pour des livres ou alentour, révélant la diversité de ses démarches. Dans le premier temps de son œuvre, avant-guerre, Sima se dégage de l'esthétique de L'Esprit nouveau et de la tentation surréaliste. Le paysage, le visage, le corps le requièrent. Il oscille entre réalisme et onirisme, entre souvenir et instant, entre mythe et aveu intime. Cette contradiction, dépassée dans ses grands tableaux, muée en dialectique féconde, engendre une avancée. C'est l'heure où l'artiste se lie avec les poètes Roger Gilbert Lecomte (principal animateur du Grand Jeu) et Pierre Jean Jouve. Après une période de silence imposée par la tragédie de la guerre et de l'après-guerre dans son pays de naissance, Sima reprend en 1950 la voie de la peinture. Il redéploie alors l'unité du monde et de l'homme à travers d'intenses compositions où la lumière est magnifiée. Car la lumière sera jusqu'à sa mort son principal souci, son thème obsédant, sa quête inlassable. De Portes d'Orphée en Ténèbres pâles, Sima décline son lexique pictural toujours renouvelé. Il avive les couleurs, éponge la clarté, pour restituer physiquement dans ses toiles un profond mysticisme. Il offre au regard du spectateur une monumentalité frêle et dense qui résume à pleine peinture l'égalité de l'homme et du monde. L'œuvre de Joseph Sima, toute d'unité dans la variété des périodes, est admirablement prise en compte par Frantisek Smejkal, qui pendant vingt années a suivi le peintre pas à pas dans sa création, toujours soumis aux exigences de sa vision.