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"L'écriture a été ma pierre solaire, ce solarsteinn qu'utilisaient les navigateurs norrois, au tournant du premier millénaire, pour se diriger en localisant le soleil même sous le brouillard, à travers les nuages et au crépuscule. Les cristaux lamelleux et dichroïques de ce spath d'Islande, une variété de calcite, dépolarisent la lumière et redeviennent opaques dès qu'on les oriente vers la source de cette lumière.
Le solarsteinn chatoie sous les nuées, dans la grisaille et la pénombre, riche d'une promesse invincible, et se ternit à la seconde même où il saisit, pourrait-on dire face à face, ce dont il était chargé de détecter la présence. C'est par là pourtant, afin de poursuivre la traversée, qu'il convient de porter l'attention. Est-ce donc que l'écriture ne flamboie que lorsqu'elle distord le monde, affolée par ses artifices et ses prestiges, lorsqu'elle sert à marquer les plaisirs, les inquiétudes et les vanités en la prunelle des autres qui la font vivre, tandis qu'elle s'effacerait dès qu'elle égratigne le réel ? "