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Le crépuscule du matin éclot souffle l’embrasement ténu et blanc en plein vol sur la ligne d’horizon. Et par-dessus les limpides et très pâles lumières urbaines, il allume les miroirs des salines : quatre eaux font trembler le matin. À l’arrière de la maison, derrière nous le clapotis humide des oiseaux fragiles qui détissent l’ombre. À tes côtés le corps de celui qui t’invite au matin du monde. « Dans ces théâtres du temps, où l’on est acteur de hasards en un temps vécu comme discontinu, il y a une place, dans la poésie de Manuel Gusmao, pour les temps de la terre et de la maison, entre équinoxes et solstices, entre l’amour, les livres, la maladie ; et également pour les temps de l’Histoire et du grand monde.
Et, contre toute attente devant l’état de ce monde, quand le poème fait coïncider ces « temps constellés », ainsi que le poète les évoque, en lui naît la joie de la vision, cette difficile construction de la joie qui est toujours le revers ou le pli d’une douleur. Dans sa solitude radicale, le poème ne clame pas au désert : le poème appelle afin que quelqu’un accoure, et « le monde n’a de cesse d’aller au lieu de rencontre ».
(extrait de la préface p9)