Tous les jours jusqu'à la fin des temps

Vivre de l'intérieur. Oublier les rythmes extérieurs. Rentrer en soi très profondément. Fermer les yeux du corps et ouvrir ceux du cœur. Regarder par ceux-ci dans ce profond abîme intérieur. On y trouve une étincelle, une toute petite lueur. Elle nous appelle et nous attire. Nous sommes tentés de dire : tiens ceci est Dieu. Si on vous dit : il est ici ou il est là, ne les croyez pas, le royaume de Dieu est à l'intérieur de vous. Mais tout ce qui est à l'intérieur de nous n'est pas le royaume de Dieu. Cette lueur n'en est que la très pâle image. Nous l'apercevons dans la mesure de notre purification. C'est le moi créé à l'image de Dieu. Enfouie au tréfonds de nous, telle la perle de l'Evangile, il nous faut tout vendre pour la recevoir. Si nous avons vraiment tout vendu, elle se précise de plus en plus, et tel le Baptiste, elle confesse et ne nie point : Je ne suis pas le Christ, je ne suis pas la Lumière, mais le témoin de la Lumière. C'est la voie qui crie dans le désert de notre âme : Aplanissez vos chemins. Convertissez-vous et croyez à l'Evangile, au Verbe de Dieu. Ce Verbe se fait entendre. Nous passons du VOIR à l'OUIR. Sa voix est douceur et amour et évoque la douce flamme d'un cierge de Pâques. Il nous dit : Viens, suis-moi. Nous pouvons, comme les disciples, lui dire : Seigneur, où habites-tu ? Il nous dit alors : Venez et voyez. Il habite parmi ceux qui souffrent et premièrement dans cette partie de moi-même qui est la plus malheureuse. Il attend de moi la foi en lui qui le fera me guérir. Oui, Seigneur, je crois ! - Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Que je voie ! Il m'impose les mains sur les yeux du cœur. Et ceux-ci se dessinent et commencent à voir tout lucidement. Christ n'habite pas seulement en moi ; il est la Lumière de tout homme venant en ce monde. Il vient au cœur des siens, mais les siens - faute de temps et de foi - ne le reconnaissent pas. Du moins pas tous. Je regarde avec les yeux ouverts de mon cœur et je vois Christ dans le frère Paul qui cite Pascal : On ne s'éloigne qu'en s'éloignant de la charité. Nos prières et nos vertus sont abominables devant Dieu, si elles ne sont les prières et les vertus de Jésus-Christ. Je le vois en toi, très cher, au fond de toi ; mais aussi sur ton visage, lorsque tu veux faire l'effort de le laisser ressusciter en toi, d'entre les morts, et se manifester glorieux sur ton visage, en ton regard, en tes gestes, en ton amour. Vivre de l'intérieur, vivre de la vraie vie, celle que Jésus a mis en nous le jour de notre baptême et qu'il ne cesse de réveiller en nous par de pressants appels à nous ressusciter d'entre les morts.