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Richard Wagner est l'un des artistes les plus complets de l'histoire. Le premier musicien qui fût aussi poète, et chacune de ses oeuvres est intimement liée à ses nombreux tourments intérieurs. Wagner est né ultrasensible, il vivait par et pour l'esthétique, aimant et détestant en fonction de la conformité du comportement de l'individu concerné avec les conceptions qu'avait Wagner du beau et du touchant.
Il ne se privait pas de théoriser, d'où ses jugements sans appel, qui se manifestèrent notamment dans ses nombreux ouvrages théoriques et philosophiques sur l'art. Cet ouvrage nous retrace l'histoire d'un aventurier égocentrique qui fit de sa vie précisément une aventure, intellectuelle aussi bien que physique et qui se plaça tout naturellement au centre de l'existence d'une pléiade de personnages qui lui consacrèrent littéralement tout ou partie de la leur.
Wagner se complait volontiers dans les honneurs, et dans le luxe à chaque fois que cela lui fut possible, car le luxe lui était aussi nécessaire que l'air et le pain. Richard Wagner se fit des amis très dévoués, pratiquement idolâtres, et des amantes passionnées. Plus d'une fois l'amante était l'épouse d'un ami, et toujours, malgré ses souffrances, ce fut Wagner qui sortit le moins brisé de ces relations.
Tristan et Isolde, en particulier, son chef d'œuvre le plus autobiographique, doit presque tout à son histoire avec Mathilde Wesendonck et l'époux de cette dernière. Et puis l'on n'imagine pas le grand homme venir à bout de sa Tétralogie, ni mettre paisiblement le point final à son répertoire avec Parsifal, sans les soins déterminés, passionnés et reposants de Cosima, fille de son ami le plus tendre (Liszt) et épouse de son disciple le plus dévoué (von Bülow).
Certains amis s'éloignèrent de lui, aucun ne trouva le bonheur hors de son orbite. Nietzsche par exemple... ou Louis II. Le wagnérisme est une maladie dont on ne se défait pas.