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Les textes qui construisent ce numéro font entendre le paradoxe auquel est confrontée la psychanalyse dès qu'elle quitte sa langue natale, allemande ou française : elle ne se traduit pas plus quelle ne se transmet. Pas plus et pas moins ; par les mêmes canaux, et par le lieu même de son impossibilité, par ce qui ne passe pas. Passant d'une langue à l'autre, la psychanalyse doit être chaque fois réinventée, retrouvée comme l'objet qu'on ne savait pas avoir perdu.
Cette réinvention ne s'effectue que si les passeurs à la fois connaissent les langues du corpus à transmettre et ont perçu pour eux-mêmes l'existence d'une langue oubliée, celle de l'infantile en soi que Lacan nomme lalangue. Celui qui se laisse porter d'une langue à une autre éprouve la prise, la surprise de l'inconscient comme une expérience de trébuchement fécond, qui seul permet de traduire et de transmettre la lettre vivante de la psychanalyse.
" Qu'est-ce qui du travail de l'inconscient ne peut s'écrire ? " demande Lacan dans la préface à l'édition allemande de ses écrits. En ouverture de ce numéro, le wo Es war freudien marque la pointe où l'acte de traduire trahit et fait don en retour d'un sens que la traduction révèle, enrichissant le traducteur et le lecteur de ce qu'il ne savait pas qu'il savait.