Hérodote N° 81, Avril-Juin 1996

Décidément, il se passe de " drôles " de choses à Grozny, au pied du Caucase. Que la petite Tchétchénie ait proclamé sa volonté d'indépendance et refuse de faire partie désormais de la Fédération de Russie, que le gouvernement de Moscou cherche à l'y faire rentrer de gré ou de force, notamment pour garder le contrôle d'un oléoduc dont l'importance peut devenir considérable, voilà qui est, hélas, classique en matière de géopolitique. Mais que l'armée russe, après avoir pris tout son temps, au lieu de s'emparer de Grozny en quelques heures, subisse fin 1994 un terrible fiasco et doive combattre plus d'un mois pour prendre partiellement le contrôle de cette ville moyenne, voilà qui est déjà surprenant. Certes, les Tchétchènes sont de bons guerriers, mais ils sont tout de même bien peu nombreux. On pouvait s'attendre à ce qu'une guerre de guérilla dure et s'étende dans le Caucase. Or, en août 1996, les indépendantistes tchétchènes s'emparent très facilement de Grozny, et, au lieu de chercher à reprendre la ville, l'armée russe commence à évacuer la Tchétchénie, le général Lebed, tout à la fois représentant et rival d'Eltsine, ayant obtenu leur accord pour reporter à cinq ans la question de l'indépendance. Curieuse affaire qui n'est pas terminée...