Sciences de la Société N° 55, Février 2002

Le terme " légitimation " renvoie au droit et à la politique. Or qui fonde le droit ? La coutume ou la loi. Et l'une et l'autre, au moins dans une démocratie, sont acceptées par la collectivité. Au-delà de la coutume et de la loi, la jurisprudence, les conventions, les grands principes du droit renvoient également à un héritage collectif. En l'absence de démocratie, le fondement de la légitimité est...
l'oubli. Aussi l'analyse de la légitimation exige-t-elle celle de l'origine, des procédures, du contenu et du fonctionnement du pouvoir. L'analyse sociologique des rapports de force dans la communauté des économistes n'est pas ici exclusive ni essentielle, contrairement à celle du contenu de l'économie. L'expression " discours économique " et non " science économique " a été choisie pour élargir la réflexion aux utilisateurs du discours économique savant, experts, médias ou hommes politiques.
La légitimation de la science ne pose pas d'autres problèmes que ceux, immenses mais classiques, de l'épistémologie. La légitimation du discours ouvre le champ de la réflexion à l'histoire complexe des rapports de la science économique, de la politique et de la communication entre chercheurs d'abord, au-delà du champ scientifique ensuite. L'origine, les procédures de production et de légitimation des concepts, le contenu du discours sont alors omniprésents.
Dans cette livraison, Sciences de la Société a mis en perspective des contributions portant sur la rhétorique de l'économie, l'histoire des faits et des idées et l'épistémologie.