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Les photographies qui composent la série " 142 rue Mère Yacine " prennent sens ensemble, depuis le montage d'une séquence qui s'étend de 11 H 45 à 16 H 32, d'autres sur plusieurs jours, semaines, mois. Le temps passe dans la rue d'une banlieue populaire de Dakar, où les lotissements s'étendent très rapidement, au rythme de la spéculation immobilière. Loin des grands chantiers, un immeuble modeste est en construction au 142 rue Mère Yacine.
Pendant trois ans, entre 2018 et 2021, il se transforme sous nos yeux, au rythme des économies manquantes du propriétaire, lentement. Les images, comme usées, abîmées par le temps, ont été prises depuis l'intérieur d'une tente en tissu, posée sur le trottoir d'en face, à la manière ordinaire des tentes montées provisoirement, qui abritent les baptêmes, les mariages, les décès, les veillées, les fêtes, les repas.
Pliées, dépliées, repliées, recousues, ces tentes sont montées et démontées à même la rue, le temps des cérémonies : lieu temporaire qui tout à la fois dissimule et rend le photographe très visible, c'est un dispositif plastique éphémère et en même temps en relation. Dans le quartier, on sait que c'est la tente du photographe.