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" C'était comme un déchirement dans la réalité. Tout le sens et le rapport des choses étaient changés. " Une sensation de terreur envahit le jeune Giacometti devant trois jeunes filles aperçues dans les rues de Padoue : l'expérience s'est à jamais introduite dans l'œuvre de l'artiste. Ecrire est une autre manière pour lui de répondre à la présence d'une déchirure. Fondée sur une poétique qui fait éclater le corps mimétique, l'écriture de Giacometti épouse l'autoportrait comme une structure à la fois de constitution et de perte.
Elle se conçoit dans ce faux miroir qu'est le journal et prend souvent la forme du fragment. Du poème " surréaliste " au souvenir d'enfance, du " récit de rêve " au grand album qui rassemble lithographies et texte en une superbe symbiose, " la vision du premier jour ", cette unité première, est recherchée. Mais au lieu de l'indivis, l'écrivain retrouve dans le tout vécu avec une brûlante intensité la désunion des choses, l'incitation à dire ce que l'être a de foncièrement contradictoire.
Les écrits du célèbre sculpteur, peintre et dessinateur sont peu étudiés. Présenter l'œuvre littéraire d'Alberto Giacometti dans son ensemble et dans toute sa richesse, tel est le principal but de la présente étude.