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C'est en prison, au cours de l'été 1923, que Hayama Yoshiki rédige La Prostituée. Trois hommes forcent le narrateur à leur céder son argent. En échange, ils le conduisent jusqu'à une femme agonisante, qu'ils semblent détenir contre sa volonté : « un cadavre qui respire » dont ils lui offrent de faire ce qu'il voudra.Le dialogue qui s'engage pose des questions qui restent aussi urgentes que dérangeantes : consentement, conscience de l'exploitation, utilité de la vie misérable.
Est-on toujours l'exploité de quelqu'un ? Est-on toujours l'exploiteur de quelqu'un ? Et la plus terrible : « Mais sauver les gens, est-ce que c'est faisable ? »Véritable bombe, ce texte reste le contemporain manifeste de notre époque précaire, marquée par les flambées de colère et les horizons de crise.
Né en 1894 à Fukuoka, Hayama Yoshiki renonce aux études à l'âge de dix-huit ans. Il vit alors de divers emplois dont il tirera ses récits.
À partir de 1921, il milite pour le mouvement syndical, ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison. Il y rédigera ses premiers textes. En 1926, il rejoint la revue Bungeisensen (« Le Front des arts littéraires »). En 1934, il quitte Tokyo pour se lancer dans l'agriculture. Il part comme colon en Mandchourie en 1944 et meurt au cours de son retour en 1945.
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Rédigée en prison dans les années 1920, cette courte nouvelle de l'écrivain prolétarien Hayama Yoshiki est l'un de seules œuvres traduites de ce rare auteur japonais. Le ton du texte est volontairement glauque et on y découvre un personnage de matelot qui lors d'une de ses errances se voit accosté par deux sales types qui lui soutirent son argent pour l'amener coucher avec une femme. Dans une pièce sordide et nue, il découvre une femme à moitié morte et se retrouve confronté à ses désirs mais aussi à son aspiration à la sauver. Un texte fort et une curiosité très originale de la littérature japonaise.