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Entre les années trente et 40, une vaste discussion a opposé entre eux les écrivains, les artistes et les théoriciens de l'émigration antifasciste allemande. Débat complexe, que l'on a d'abord appelé, de façon réductrice, « débat Brecht-Lukács » puis, moins étroitement, « débat sur l'expressionnisme ». En fait, la discussion s'est lentement approfondie, a pris de l'ampleur au point de devenir un débat sur l'art d'avant-garde, sur le réalisme, voire sur la création artistique tout court.
De ce débat, nouvelle querelle des anciens et des modernes, Georgy Lukács d'une part, Ernst Bloch et Hanns Eisler de l'autre, ont été les protagonistes majeurs.
Or Lukács était un « idéologue », il n'était pas un créateur.
Il n'a jamais travaillé la matière constituante, et n'a jamais voulu admettre que celle-ci pût avoir son histoire. Toutes les réflexions très neuves et très profondes de Bloch et de Eisler (et de Brecht, et de Benjamin) - concernant l'évolution de la matière constituante - n'entraient pas dans le champ des investigations lukácsiennes. Il n'a pas voulu les comprendre, ou bien il ne les a réellement pas comprises.
Toutes les techniques nouvelles (le monologue intérieur, le montage, le simultanéisme etc.), il n'y voyait que procédés « formalistes », et il les a combattues avec la dernière vigueur.
D'autre part, l'idéologue qu'il était a toujours pensé, qu'à une époque donnée il existait une pensée, une idéologie, qui recouvrent et englobent la littérature et les arts - qu'inversement la littérature, les ouvres d'art ne peuvent exprimer autre chose, ni plus que cette idéologie.
En fait, il a réduit l'art et la littérature à l'idéologie.
L'impact de l'exposition « Paris-Moscou » au Centre Beaubourg (1979), prouve que la querelle demeure actuelle. Il s'agit ici de passer la pensée de Lukács au crible de l'analyse dialectique.