En cours de chargement...
Qu'un officier, dans l'entre-deux guerres, écrive un roman, ce n'est pas à l'époque chose ordinaire ; moins encore, si acteur engagé dans l'œuvre coloniale, il se met à la place de l'autre, qui lutte contre lui, les armes à la main. Diego Brosset, méhariste au Sahara Occidental de 1922 à 1931, conte avec une fidélité que tous les spécialistes ont reconnue et dans un style étonnamment moderne, les errances, les luttes et les drames vécus par Sid Ahmed le Mechdoufi, Maure farouche qui voit, sous la poussée terrible des Français, basculer le monde.
Nous voici loin de l'hagiographie coloniale. Nous sommes de l'autre côté, parmi les plus grands nomades du désert, chasseurs nemadi ou guerriers reguibat, durs comme les plus sombres pierres vernissées de soleil, mais joyeux aussi, et peuplant le vide de leur exubérance. Sid Ahmed le bossu a existé. L'auteur l'a connu. De leur amitié est né ce roman, le plus grand qu'on ait écrit sur les nomades chameliers.
La première édition de son livre est parue au Maroc en 1935. Cette troisième édition, préfacée - comme la seconde - par Vercors qui fut son ami, témoigne de l'art de l'écrivain : l'ouvrage n'a pas pris une ride.