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Dix portraits de mémoires, superbement campés par Michel Etiévent pour illustrer une Savoie qui s'offre enfin, au-delà de la carte postale et des dépliants de magazines. D'un versant de montagne où Louise, paysanne, remonte son histoire à pas de mule, à Roland, enfant-berger de Bonneval-sur-Arc, en passant par la mémoire de Pia, réfugiée italienne ou de celle d'Augustin, républicain espagnol, défile ainsi au hasard des visages et des paysages, cette Savoie des racines et de l'errance.
Terre de migrations, la Savoie est aussi terre d'accueil, terre de labeur, où des mains se sont métissées pour bâtir un pays à vivre et à aimer. C'est là, précisément, tout l'intérêt de cet ouvrage, de ces regards croisés qui font revivre la mémoire des Russes immigrés d'Ugine, la résistance de "Sapin", capitaine FTP, ou celles de Marcel et de Jean, cheminot de la vapeur et mineur de grand chantier.
Tout à la fois romanesque et documentaire, l'écriture enmaille peu à peu les vies, avec cette force et cette poésie qui caractérisent le style de l'auteur. Une Savoie côté "chair", côté "cour", que Michel Etiévent ponctue de respirations brillantes, et qui éclaire une terre de vie et de courage. "J'aime les mots, j'aime les gens", répète inlassablement Michel Etiévent. Il nous le prouve une fois de plus ici, en nous ouvrant les routes d'un pays qui ne s'était jamais livré avec autant de vérité.