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Pour le bien des animaux, celui de la planète et pour préserver notre santé, il faudrait de toute urgence renoncer à l'alimentation carnée voire à tous les produits animaux et, en clôturant dix mille ans de vie commune avec les vaches et les brebis, librement consentir à une agriculture sans élevage. Après des décennies de silence médiatique et politique sur la violence industrielle contre les animaux, pourquoi cette soudaine prise de conscience ? C'est en reprenant le fil de l'industrialisation de l'élevage depuis le XIXe siècle et ses liens historiques avec la "cause animale" que l'on peut comprendre la situation actuelle et le développement des start-up de la "viande propre", amie des animaux et des milliardaires.
La science et l'industrie, aujourd'hui comme hier, concoctent pour nous "un monde meilleur". Sommes-nous bien sûrs qu'il correspond à nos désirs ?
Antispécisme = industrialisme
Au fil de ses ouvrages, Jocelyne Porcher n'a cessé de proposer des réflexions éclairantes sur la place des animaux dans la société et les relations entre hommes et animaux. En ce sens, elle rejette complètement l'élevage industriel (ie les "productions animales") source de nuisances environnementales et sociales et défend bec et ongle l'élevage paysan respectueux des territoires et du lien homme-animal.
Dans un précédent livre (Vivre avec les animaux au XXIe siècle, La Découverte), elle avait esquissé une critique intelligente des militants de la libération animale, des antispécistes et autres vegans. Ceux, en résumé, qui condamnent autant l'élevage industriel que l'élevage paysan au nom d'une lutte contre l' "exploitation" des animaux.
Dans cet ce nouvel ouvrage, elle approfondit la critique de cette mouvance de la "cause animale" en déroulant la logique implacable suivante : si les produits d'origine animale disparaissent, cela créera un vide sur le marché que viendront combler un certain nombre d'entreprises y voyant là une occasion de s'enrichir. La "cause animale" ferait donc les gros sous de la "cause du capital". D'ailleurs, ces entreprises existent déjà (et Porcher en fait une liste quasi-exhaustive) notamment dans le domaine de la production de "viande propre", cette viande de synthèse produite en laboratoire. Conclusion: militer pour la "libération animale" reviendrait à défendre, à son insu ou non d'ailleurs, une artificialisation toujours plus grande de la vie opérée par la science et l'industrie.