Résonances, croisements, de la simple influence au profond métissage, de tous temps, les artistes ont laissé "traverser" leurs œuvres par des éléments étrangers.
La photographie n'échappe pas à cette porosité. Depuis près de deux siècles, elle a connu toutes les formes d'attraction susceptibles de l'enrichir, ou, pour les puristes, de la corrompre. mélanges permanents de moyens d'expression divers, mais aussi, à l'intérieur des pratiques photographiques, alchimie des cultures, faculté qu'elle s'est accordée, dès ses débuts, de sortir d'elle-même (du simple art de constat des choses), pour se charger d'autres ambitions, l'introspection, la métaphore, l'analyse...
Evoquer la disparition, c'est rappeler que la photographie s'est construite autour de celle-ci et souligner l'inclination forte, dans toute image photographique, à penser le deuil, la mort, la précarité (y compris celle de sa technique). Mais surtout, c'est reprendre en écho le questionnement que nous avons voulu inscrire dans ce festival : la dissolution de la spécificité.
Traversée de toutes parts, fondue dans le régime indifférencié des images, l'image photographique peut-elle en effet revendiquer aujourd'hui une quelconque singularité ?