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Débiteur moral insolvable de l'abbaye de Port-Royal à qui il devait d'être resté en vie, l'" orphelin Racine " a trouvé dans un théâtre longtemps résolument frondeur chez lui, l'" issue corporelle pour son âme " qu'il cherchait avidement. En osant défier l'intransigeance castratrice d'une mère adoptive pervertie par la névrose janséniste, il a en tout cas réussi, au moins dans l'écriture, à sortir de l'infernal " pas de place pour deux " devant lequel, d'avoir dû " haïr avec fureur " pour ne pas avoir pu " aimer avec passion ", bien des fils qu'il a imaginés ont fini par s'incliner.
Sans aucun doute possible, le " Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends " du vers 972 d'" Andromaque ", c'est d'abord à la vie elle-même que cet " orphelin " n'a cessé de l'adresser. " Le vêtement d'existence qui avait été préparé pour lui par Port-Royal était trop petit par rapport à sa vraie taille " : c'est en creusant les rapports ambigus de Racine avec l'institution de Port-Royal qui l'a formé et aurait voulu le convertir intégralement au jansénisme que Jean van der Hoeden tire cette étude soignée de l'écrivain - l'homme et l'oeuvre inextricablement liés.
Faisant la part belle à la psychologie, ce double portrait met en exergue les notions de liberté et de destin si décisives chez " l'enfant terrible ", si chères au dramaturge qu'il devint.