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Ceux qui ont eu le bonheur d'approcher Rodin et de l'entendre parler, comme il s'exprime dans ses entretiens avec Gsell, ont plus d'une fois été frappés par le solide bon sens et la subtilité d'esprit de ce rude manieur de pierre. Il faut être très reconnaissant à ce Rodin génial, et qui semblait le type même de l'inspiré, d'avoir raisonnablement nié le rôle de l'inspiration : " Elle n'existe pas.
" Mais il savait ce qui la remplace : la patience, la sagesse, l'attention, la volonté, et l'honnête labeur de l'ouvrier. Tiens ! Tiens ! Voilà donc un romantique qui met le métier au-dessus du génie. Ce qui me paraît digne d'attention dans ces propres rodiniens, c'est qu'ils ne sont pas seulement utiles aux sculpteurs, mais à tous les artistes, et même à tous les écrivains : Rodin s'exprimant là moins en technicien qu'en philosophe.
N'est-ce pas précisément là ce qui fait de Proust un grand romancier, dans la bonne lignée des maîtres ? Il ne dessine pas en surface. Pour en revenir à Rodin, on est content de constater que voilà pour une fois un sculpteur qui donne à penser.