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Altiplan naît au confluent de deux pratiques signifiantes, l'écriture et la peinture. Le voyage en est le moteur, la matière première, "retranspirée" par le texte et approchée par l'image, se mesurant au réel, pour en exprimer la démesure quand ce n'est pas l'infime détail. Comment peindre un désert, donner l'idée de l'immensité blanche et minérale du salar d'Uyuni, rendre les vallées lunaires du désert le plus aride du monde à San Pedro de Atacama ? L'écriture, elle, se fait soucieuse d'embrasser les lointains grandioses et le détail proche, dans les rendus visuels des paysages d'abord, mais aussi et souvent dans la sensation sonore : bruits de la nuit, des villes et des forêts, silences des grands espaces vierges, mais encore dans la langue : l'espagnol, décliné dans ses différentes prononciations, relaté avec vivacité dans les échanges verbaux avec les autochtones.
Le regard se promène, avec la même acuité, des splendides canyons aux montagnes multicolores de la Quebrada de Humahuaca, à la petite fille au teint mat rencontrée clans une auberge, aux enfants sortant d'école et se renvoyant l'écho dans la vallée, aux mammitas boliviennes, agressives. Des figures émergent aussi, rencontres marquantes dans ce voyage, tel le vieux joueur de charango. Toute une population locale de vendeurs de nourritures diverses, ou d'objets, de conducteurs de bus ou d'employés, de teneurs de pensions, traverse ces pages, arrêtant parfois le flux de la narration.
Altiplano, titre qui fait de la confrontation physique et mentale à une vie qui s'épanouit au-dessus de quatre mille mètres, sa référence constante, recèle enfin ses moments de magie et de complicité le long d'un voyage où la rencontre première est d'abord, peut-être, celle de l'autre à ses côtés, celui avec qui ce qui se révèle prend tout son sens. Regard amoureux - on l'a deviné - car ces lignes et ces croquis s'entrelacent, tout en procédant de deux singularités distinctes.