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Dans plusieurs pays, l'approche par compétences fait partie du
prescrit légal qui pilote le métier d'enseignant. L'objectif est de
permettre aux élèves de faire face progressivement à la
complexité du monde qui les entoure en mobilisant à bon
escient des savoirs, pour apprendre tout au long de leur
existence, mener une vie professionnelle et exercer des
responsabilités civiques et sociales.
Cependant, mal comprise,
une "pédagogie par compétences" risque d'accroître les
inégalités de résultats entre élèves ; elle pourrait faire partie de
ces "pédagogies invisibles" dénoncées par Bernstein dès 1975,
quand la tâche proposée aux élèves est trop ouverte, répondant
à un contrat didactique trop flou sur les objectifs et les enjeux
de savoir. Les recherches de l'équipe ESCOL et du réseau
RESEIDA mettent en évidence des effets différenciés des
pratiques enseignantes, en fonction des dispositions
sociocognitives des élèves et du sens que ceux-ci attribuent
aux tâches scolaires.
Faudrait-il pour autant réserver aux
élèves les mieux préparés par leurs modes de socialisation
familiale les occasions d'aborder des situations ouvertes et
cognitivement porteuses ? Faut-il au contraire mettre toute la
professionnalité des enseignants à construire, précisément
pour ces élèves moins chanceux au départ, des situations
d'apprentissage et des étayages qui devraient favoriser 'atteinte
d'objectifs ambitieux et le développement de compétences
critiques ? Cet ouvrage ouvre des pistes de réflexion sur des
pratiques diminuer les risques d'inégalités sans réduire les
exigences des tâches et le niveau taxonomique des
apprentissages et insiste sur la nécessité de rendre explicites et
collectifs les savoirs en voie d'appropriation par les élèves.