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Bolibana signifie en bambara : c'est fini de courir ! C'est la raison, toute empreinte de lassitude, pour laquelle Bolibana est aussi le nom-sens que donnent les Africains à un quartier de Bamako où viennent échouer tous les déracinés de cette Afrique du Sahel que l'auteur connaît bien. La nouvelle qui donne son titre au recueil décrit cette dérive des anciens exilés de retour au pays, et cette recherche d'une identité perdue auxquelles le phénomène actuel de l'immigration donne une résonance particulière.
Elle donne aussi son ton à l'ensemble des six nouvelles qui composent l'ouvrage : dans "Le doigt levé", "Les pacifiques" ou "Les mangeurs d'âmes", on retrouve ce thème récurrent du "Blanc" — ingénieur, savant, militaire — confronté à l'étrangeté de ces cultures et incapable de les comprendre. Illusion, magie, envoûtements sont donc là pour nous rappeler qu'au-delà de l'analyse ethnologique il s'agit bien ici de fiction, même si celle-ci s'inscrit dans un quotidien tout ce qu'il y a de plus réel.
Mais cette "vérité romanesque" dont parle René Girard permet aussi de mieux souligner l'impuissance de la rationalité européenne à saisir ce qui, des mentalités africaines, lui restera encore longtemps étranger.