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«Il entra dans la salle à manger, s'installa pour dîner. On lui servit un beefsteak. C'était son plat préféré. Il le trouvait à la fois simple et reconstituant. Il le mangeait sans sel ni poivre, se méfiant de la Nature. Mais ce jour-là il repoussa le plat. Le lézard l'obsédait. Il ne pouvait le chasser de sa pensée. Combien de mouches avait-il happé ? Combien de beefsteaks avait-il, lui, Charles, mangés ? Et soudain il lui vint une idée désastreuse.» Un banquier plonge dans la mélancolie avant de découvrir enfin l'amour, et c'est un monde inattendu qui se dévoile, une façon d'aller dénicher la beauté là où nul ne l'aurait imaginée.
Le charme unique de Pierre Girard a conquis quelques lecteurs qui se reconnaissent dans le regard élégant et poétique que l'écrivain suisse porte sur la fausse banalité de nos vies. Un luxe à s'offrir dont on ne se dégoûte jamais...
La folie poétique d'un romancier genevois à redécouvrir !
Pierre Girard, kezako? Il n'y avait que les plus que précieuses éditions de l'Arbre Vengeur pour aller exhumer les romans bonbons de ce genevois oublié et pourtant indubitablement génial. Je n'emploie pas souvent ce mot trop galvaudé mais c'est un génie étrange et bariolé qui sort de ses livres en forme de lampes magiques.
En deux mots, Charles est un homme du quotidien, un banquier, dont le grand plaisir, ingurgiter des beefsteaks, se voit gâché par un lézard qui gobe une grosse mouche. De ce jour son petit monde s'écroule, et les beefsteaks le dégoûtent. Puis vient Popée, la fille de sa demi-sœur, sortant un jour des flots telle une sirène impromptue. Révélation, renaissance. Et si une vie autre s'offrait à lui ?
De cette trame étrange et fine comme du papier bible émergent une poésie, un mystère et une folie du langage loin de tout ce que j'avais déjà lu, et un humour si particulier et onirique qu'une fois le livre fini vous aurez l'impression de sortir d'un rêve auquel vous n'aurez pas forcément tout compris mais dans lequel vous étiez si bien...
Pierre Girard est un auteur dont la discrétion et le secret posent les limites d'une appréhension directe, il écrit derrière une porte fermée mais toute sa poésie vient à nous par dessous la porte, dans les interstices, et par la serrure. Y mettre une clé ne ferait qu'en obstruer le passage...