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" Digne de mourir, comme inutile au monde " : c'est en ces termes que les archives ont conservé la trace de la condamnation à mort d'un valet déclaré coupable de vol, à Paris, en 1391. Est-ce là une simple tournure de phrase destinée à la postérité, ou cette expression traduit-elle la réalité d'un jugement considérant l'" utilité au monde " comme un prérequis au droit de vivre ? Et ce " monde ", est-il celui du roi, qui affirme ainsi son pouvoir sur ses sujets, ou celui d'une chrétienté qui ne considère plus que le criminel peut être racheté ?Condamner à mort au Moyen Age n'est pas un acte plus anodin qu'aujourd'hui.
Il n'est pas non plus, semble-t-il, plus fréquent. Et si la condamnation est un outil d'affirmation du pouvoir royal, ce n'est pas par sa nature coercitive ou arbitraire, mais par l'encadrement des juges et la pratique de la grâce. C'est là l'autre pan d'un Moyen Age rénové depuis plusieurs décennies que Claude Gauvard révèle, avec cette volonté d'approcher au plus près, par un examen minutieux et clairvoyant des sources, la cohérence d'une société médiévale qui nous est à la fois étrangère et pourtant fondatrice.
Justice est faite
Cet ouvrage est la clef de voûte d’une carrière d’historienne qui a révolutionné l’histoire de la justice et des peines médiévales. En effet, Claude Gauvard s’est attachée depuis les années 1990 à analyser la justice médiévale sous l’angle des symboles et rites d’une société définie par les relations d’hommes à hommes et la réputation. Au travers de ce livre, l’historienne nous livre un récit au plus proche des condamnés à mort, entre anonymes et grands criminels. C’est tout un système judiciaire qui se dévoile sous sa plume fine et élégante.
Ainsi, cet ouvrage s’adresse non seulement aux spécialistes mais aussi au grand public désireux de découvrir la justice médiévale, loin des clichés obscurantistes.