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Quelle a été la place de la santé dans la société de l'Ancien Régime où le poids du christianisme était si lourd et les clivages sociaux si puissants ? Annie Boyer-Labrouche apporte des réponses essentielles à cette question qui permettent de mieux saisir l'organisation sociale autour de la question cruciale de la charité et du soin. Pour en bien comprendre les mécanismes, il faut appréhender ce monde des malades, des soignants et des bienfaiteurs dans leur vie quotidienne, il faut essayer d'approcher ce qui a fait l'essence même de leurs journées.
Par la pertinence de son propos, l'auteure nous fait toucher du doigt cette réalité qui fut parfois si douloureuse. A la fin du siècle précédent, la Révolution française a posé les bases de l'organisation moderne de la santé, forte de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (1789) et de l'assistance aux plus démunis, dans un contexte de laïcité. Afin d'expliquer la vie quotidienne dans les hôpitaux, Hôtel-Dieu pour les soins, hôpitaux généraux pour le renfermement et l'accueil des plus défavorisés, Annie Boyer-Labrouche a puisé ses sources dans des archives uniques, réalisant ainsi une étude remarquable de démographie historique, en mettant de cette façon l'homme au-devant de la scène.
Faire connaître la vie des hôpitaux au XVIIIe siècle, des soignants et des gens confrontés à la souffrance de la maladie et de l'exclusion éclaire indiscutablement le rôle social de l'histoire et ouvre une réflexion indéniable qui fait écho aux problématiques de la santé, toujours aussi complexes aujourd'hui. Xavier Riaud.