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Il faut continuer à témoigner de l'horreur khmère rouge, de la décimation d'un peuple par des dirigeants qui voulaient faire de leur pays le laboratoire, et des Cambodgiens les cobayes d'une éclatante expérience communiste. Le récit de Kèn Khan présente l'intérêt de ne pas être d'entrée manichéen. Quand, le 17 avril 1975, les Khmers rouges prennent le pouvoir à Phnom Penh et vident la ville de tous ses habitants, ceux-ci sont désemparés, déchirés.
On devine cependant qu'il leur reste l'espoir que ce n'est là qu'un mauvais moment à passer, que les choses vont petit à petit s'arranger. Après tout, là où l'auteur est ensuite contraint de s'installer, pour travailler dans les rizières, tous les dirigeants khmers rouges ne sont pas dépourvus d'humanité. Ainsi se refuse-t-on d'abord à croire que les hommes puissent être traités en simples cobayes.
De l'intérieur, donc, nous est retracée une lente descente vers l'enfer avec les sentiments qui l'accompagnent : l'incrédulité, les angoissantes interrogations, l'effrayante certitude que l'esclavage et la mort sont programmés. Laboratoire d'un socialisme à la chinoise, le Cambodge devient ensuite, en 1979, celui d'un socialisme à la vietnamienne, puis celui de l'Autorité provisoire des Nations-Unies (APRONUC).
Le lecteur entendra ici la voix de nombre de Cambodgiens qui sont las d'être de simples objets d'expérience.