Œuvre pionnière, Fascisme et grand capital a été incontestablement méconnu lors de sa publication en 1936. En effet, à cette époque, le fascisme...
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Œuvre pionnière, Fascisme et grand capital a été incontestablement méconnu lors de sa publication en 1936. En effet, à cette époque, le fascisme constitue une nouveauté historique. Ses contemporains, qu'ils lui soient favorables ou hostiles, ont du mal à l'identifier et à l'analyser.
L'incompréhension du phénomène fasciste au moment même où il se développe dans l'entre-deux guerres ne fait que souligner l'originalité du travail de Daniel Guérin. L'objet est nouveau, il faut donc aller l'observer sur place. L'auteur, au cours de l'été 1932 puis au printemps 1933 - juste avant et immédiatement après la prise du pouvoir par Adolph Hitler - effectue deux voyages en Allemagne. Il en rapportera une riche moisson d'observations qui lui permettront de proposer la première approche - restée longtemps la seule - du fascisme comme phénomène social et politique total.
Daniel Guérin est alors avec Léon Trotsky une des rares figures du mouvement ouvrier à attacher de l'importance à l'étude du fascisme et du nazisme et à voir leur ascension comme le produit de la défaite des mouvements d'émancipation.
Comment pouvons-nous juger l'œuvre aujourd'hui, au regard de la marche de l'histoire et de l'immense historiographie qui n'a cessé de s'accumuler sur le fascisme et qui a contribué à en renouveler souvent profondément l'intelligence ?
Pour l'essentiel, les conclusions de Daniel Guérin ont été confirmées. Qu'il s'agisse de son analyse de la base sociale des mouvements puis des régimes fascistes, de ses vues sur la politique économique de ces régimes, de ses remarques sur l'idéologie fasciste dont il distingue la profonde irrationalité et la mystique de l'aspect propagandiste et politiquement instrumentalisé, son livre reste d'une brûlante actualité.