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En l'espace d'une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu'à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s'opère au grand jour, dans l'agitation de la ville, à l'aune de tous ces naufragés qu'on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.
Cauchemar, conte fantastique, parabole sur notre monde contemporain, réflexion sur la mémoire mais aussi sur l'écriture, Hors champ, dans une singulière conversion du regard, interroge jusqu'au vertige notre propre humanité.
Hors champ - Sylvie Germain - Albin Michel
En une seule semaine, mais à l'envers, sorte de "genèse à rebours", Aurélien va s'effacer chaque jour un peu plus. Peu à peu, insidieusement, il devient excentré, "hors champ", "à côté de la plaque" (photographique : son portrait même ne retient pas son visage de plus en plus flou !).
Aurélien disparaît aux yeux de ses collègues, de sa compagne et même de ses parents.
Tel un fantôme sans épaisseur et sans voix, sans odeur et sans ombre, il déambule bientôt dans une autre dimension, absurde et implacable, aux perspectives douteuses : "Midas transformait tout ce qu'il touchait en or, se dit-il en cherchant en vain son reflet, et il a failli en crever. Moi, tout ce que je touche vire à l'invisible. En meurt-on ?".
Cette progressive et déroutante invisibilité du narrateur permet alors à Sylvie Germain de nous communiquer ce sentiment d'absence et d'indifférence, ce cruel abandon dans la mémoire et le regard des autres.
Aurélien, pareil à tous les reclus de nos sociétés, figure cet "étrange étranger" qui ne compte plus pour personne.